Principe d’entropie, partie 3 : Arcane sans nom et Arcane sans nombre

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Pour beaucoup d’adeptes du Tarot de Marseille, il y a une tradition assez étrange qui fais correspondre à chacune des Clefs l’un des 22 caractères de l’alphabet hébreux.

En fait, cette pratique, bien que récente, apporte une telle profondeur au jeu que de nombreux dessinateurs intègrent directement le tracé des caractères dans le dessin de leur cartes, que ce soit explicitement, comme chez Oswald Wirth, ou bien implicitement comme dans le jeu de Conver, où certains personnages prennent la pose de manière à former la lettre à laquelle ils correspondent. 

Or, pour les observateurs attentifs, un paradoxe plus que troublant se manifeste assez rapidement. A première vue, chaque Clef possède la lettre qui lui correspond numériquement (le mage porte la première lettre, la Papesse porte la seconde, etc…). Mais, en y regardant de plus près, la continuité n’est pas parfaite. Si les vingt premières cartes portent le bon caractère, il se trouve que le Monde, arcane XXI, porte la lettre thau, qui est la dernière lettre de l’alphabet hébreux, tandis que le Fou, traditionnellement placé après toutes les autres cartes, porte la lettre shin qui n’est pourtant que la vingt-et-unième lettre. 

Comment expliquer cette bizarrerie ?

Serait-ce une erreur de la part de celui qui à dessiné le premier les lettres sur les cartes ? Étrange pourtant qu’une incohérence de cette taille se soit glissée dans un système aussi parfait, quand on voit tous les apports de ce système de « numérotation », étrange lorsque l’on voit a quel point les symboles s’imbriquent les uns dans les autres, toutes les significations qu’ils révèlent (les travaux d’Eliphas Levi et de Papus à ce sujet sont d’ailleurs remarquables), étrange même que ces deux auteurs développent leurs théories en se basant sur un système aussi perturbant sans même penser à le mentionner dans les nombreux écrits qu’ils ont laissés derrière eux, comme s’il s’agissait de quelque chose de tout à fait naturel ! 

Non, il ne s’agit pas d’une erreur, mais ce choix à été fait délibérément, et si les choses sont ainsi, il y a de très bonnes raisons qui mettent en lumière des aspects parfois oubliés, et pourtant très importants du Tarot. Chacune des Clefs du Tarot possède 3 éléments : Une image, un nombre et un nom. Enfin presque : Si le Fou ne possède pas de nombre, l’arcane XIII n’a pas de nom, malgré le fait que de nombreux tarologues essayent tant bien que mal de combler les éléments manquants, parfois le fou porte le nombre 0, parfois il compte comme 22, tandis que le XIII se fait appeler la mort, de nombreuses personnes interprétant l’absence de nom comme la peur de prononcer la chose. Quelle erreur ! Déjà parce que quelqu’un qui écrirais le nom du Diable quelques cartes plus loin n’aurait certainement pas peur de la mort. La mort est rapide, passagère, tandis que le diable est éternel (ou presque), duquel faudrait-il avoir le plus peur ?

Mais surtout, ça n’est pas la mort qui est représenté sur cette carte, du moins pas au sens premier du terme. La vraie raison qui pousse les gens à appeler cette carte « la mort », c’est la ressemblance avec le stéréotype du personnage squelettique brandissant fièrement sa faux au milieu d’un champ de cadavres. Mais par le passé, ces symboles étaient attribués à une figure mythologique bien différente, il s’agit de Chronos, ou Saturne, allégorie du temps, qui tue son père Ouranos, allégorie du Chaos primordial à l’aide de sa faux, tout en faisant mourir quiconque pourrait prendre sa place en tant que Roi De L’Univers. 

L’arcane sans non et l’arcane sans nombre

Nous avons donc un arcane sans nom et un arcane sans nombre.

Et bien qu’il n’ait pas de nombre, le Fou à une valeur (correspondant à la réduction théosophique) de 4. il suffit d’aligner les cartes par rangées de 9 pour s’en convaincre, en commençant par le Bateleur. chaque carte de la première colonne possède une réduction théosophique de un, elle vaut deux dans la deuxième colonne, etc.

Et que trouve-t-on dans notre quatrième colonne ?

Comme par magie, voila notre arcane sans nom et notre arcane sans nombre réunis par un autre dénominateur commun ! La troisième carte de la colonne est l’Empereur, qui semble à l’opposé des deux premières, là on on avais des personnages fragmentaires, le XIII nu, et le Fou sans foyer, l’empereur et l’image de l’homme accompli, riche, puissant et trônant fièrement au dessus de son empire. 

Revenons à la problématique des caractères hébreux. Un ancien manuscrit de Kabbale, le Sepher Jezirah, qui sert à Papus de référence lors de son admirable étude sur le Tarot divise l’alphabet hébreux en trois groupes de caractères : trois lettres mères, correspondant aux trois mondes, sept redoublées, correspondant aux sept planètes de l’astrologie égyptienne, et douze simples répondant aux signes du zodiaque.

Si l’on regarde de plus près les trois mères nous avons l’aleph, le mem et le shin. Prenons dans notre Tarot les trois cartes correspondantes. Le shin est la lettre du Fou, qui nous fait nous poser tant de questions. La seconde, mem est celle de l’arcane XIII (tiens donc !). L’aleph quand a lui correspond au Bateleur, qui comme l’empereur est un homme accompli, non pas parce qu’il est riche ou puissant sur le plan matériel, mais parce que sur la table qui se tiens devant lui, il dispose à sa guise des quatre symboles du Tarot, des quatre éléments, de l’univers tout entier ! 

Ainsi l’intelligence suprême se retrouve propriétaire et maîtresse du Chaos représenté par le nombre 4, le fait agir comme elle l’entends, et par son action et par l’action de l’entropie et de la causalité elle façonne l’univers comme elle l’entends. 

Alterius non sit, qui potest esse sui

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