Lorsque l’on s’adonne à une pratique de développement personnel et spirituel, on crée un espace-temps propice à l’observation de Soi. Ce pas de côté, vis-à-vis de notre vie active, peut nous permettre de nous ressentir dans notre vitalité, et de nous accueillir dans notre humanité. Ce peut être aussi le refuge de nos souffrances, et c’est sur ce point que j’aimerais insister dans cet article.
Oser voir ses parts d’ombre
Quelque soit le rituel que je choisisse, qu’il se rattache ou non à une tradition, c’est dans ce lieu intime que je peux accéder à ma vérité intérieure. Oser voir en Soi, ce n’est pas seulement ouvrir son regard sur les différentes dimensions de notre être (physique, physiologique, énergétique, émotionnel, spirituel). C’est aussi reconnaître ses parts d’ombre, ce que justement « Je » ne veux pas voir. Et c’est souvent dans les situations du quotidien qui me bousculent, où « Je » me sent démuni, que je peux accéder à ces blessures du passé. C’est dans la réalité du présent que je peux accueillir mes émotions, comprendre mes comportements, leurs liens avec mon passé, et choisir en conscience de me libérer des mécanismes à l’origine de la souffrance. De la psychologie à la spiritualité il n’y a qu’un pas, et une clé : celle de la vulnérabilité, comme terreau de notre réconciliation intérieure.
Comment voir ce que l’on ne veut pas voir ?
La méthode que je vous propose d’expérimenter est basée sur les travaux de la psychologue néerlandaise Ingeborg Bosch Bonomo, qui a développé depuis l’an 2000 une approche thérapeutique novatrice afin de surmonter nos difficultés émotionnelles. Il s’agit de la P.R.I., pour Past Reality Integration, qui part du principe que de nombreux adultes portent en eux des blessures du passé inscrites durant leur enfance. Parfois, ce qui est difficile pour l’adulte est de reconnaître que ses besoins d’enfant n’ont pas été comblés, et d’exprimer sa souffrance en lien avec cette blessure émotionnelle.
Pour identifier ces blessures du passé, il nous faut apprendre à reconnaître les mécanismes de défense qui nous protègent inconsciemment de la douleur. Cette méthode décrit 4 principaux mécanismes de défense :
- Les « faux espoirs », lorsque nous agissons dans l’espoir inconscient d’obtenir quelque chose Exemple 1 : A la maison, je ne compte pas mes efforts dans l’espoir inconscient d’obtenir la reconnaissance de ma famille.
- Les « faux pouvoirs », lorsque nous refusons une situation, souvent par une colère vive Exemple 2 : Dispute conjugale concernant les tâches ménagères.
- Les « dénis de besoins », lorsque nous sous-estimons nos besoins Exemple 3 : Au travail, je fais comme si je maîtrisais la situation, alors que j’ai besoin d’aide.
- Les « défenses primaires », lorsque nous fuyons inconsciemment une situation difficile Exemple 4 : Je garde le silence dans une conversation car je n’ose pas exprimer mon point de vue devant les autres.
En prenant ces manifestations comme point de départ, nous pouvons aiguiser notre sens de l’observation, et faire le lien avec nos blessures d’enfance pour mieux les guérir.
Une pratique d’auto-guérison basée sur le ressenti intégral des émotions
Faites l’expérience d’intégrer cette conception comme une pratique de pleine conscience au quotidien, dans les différents domaines de votre vie où vous rencontrez des difficultés d’ordre émotionnel. Prenez le temps d’écrire pour identifier les situations qui vous posent problème, les mécanismes de défense mis en place et le symbole qui les déclenche, en lien avec votre enfance.
En reprenant l’exemple 1 (A la maison, je ne compte pas mes efforts dans l’espoir inconscient d’obtenir la reconnaissance de ma famille.), j’identifie :
- le mécanisme de défense : « faux espoirs »
- le symbole : j’en fais toujours plus que les autres, je me rends indispensable
- la blessure d’enfance : j’ai manqué d’attention / ressenti l’abandon d’un parent
Dans un deuxième temps, faites l’expérience de relâcher les défenses mises en place pour ressentir pleinement l’émotion douloureuse, en étant pleinement présent dans votre corps. Cette phase peut faire peur, mais n’est que passagère, et surtout essentielle au processus d’auto-guérison. Elle sera d’autant plus efficace que vous lui accordez du temps et de l’attention.
En vous laissant toucher dans votre vulnérabilité, vous permettez à la douleur de vous traverser sans opérer de résistance. En observant parallèlement cette scène depuis votre conscience témoin, vous vous désidentifiez de cette douleur, pour mieux vous en libérer.
Selon les cas, cette phase peut bien entendu nécessiter l’accompagnement d’un thérapeute.
Si vous pratiquez régulièrement cette méthode sur une thématique (ex : les relations professionnelles), vous pourrez certainement constater un sentiment de légèreté grandissant, et encourageant, pour l’intégrer progressivement à d’autres domaines de votre vie.
Un processus de conscientisation continu
En adoptant cette manière d’appréhender la réalité, nous pouvons prendre la responsabilité de notre guérison, et donc de notre bonheur. Schématiquement, on peut distinguer 4 phases :
- Je me heurte à des situations difficiles, répétées, sans les comprendre (souffrance inconsciente).
- Je prends conscience de mes réactions défensives et des problématiques émotionnelles sous-jacentes, et je m’expose consciemment à la douleur passée en ressentant pleinement l’émotion associée (souffrance consciente).
- Je suis capable de transformer ma réaction défensive en un comportement souhaité, sans chercher à éviter la douleur passée (liberté consciente) .
- En répétant ce processus autant de fois que de nouvelles situations se présentent, je me libère de la douleur passée jusqu’à ne plus en avoir conscience (liberté inconsciente).
Enfin, si cette méthode vous interpelle et que vous souhaitez aller plus loin dans ce processus d’exploration intérieure, je vous recommande la lecture des ouvrages de référence de son auteure :