Le Yoga nidra – Comment s’éveiller en dormant ?

Peut-on dire, en reprenant les mots de Tenzin Gyatso, 14e Dalaï-Lama, que « le sommeil est la meilleure des méditations » ? Il est assez plaisant de penser que, finalement, cette pratique quotidienne et essentielle à la vie suffirait à éveiller notre conscience endormie… Paradoxal ?

C’est justement le nom donné à cette phase du sommeil correspondant aux rêves. Alors, les mouvements oculaires deviennent rapides, et que l’on s’en souvienne ou non, nous rêvons. Oui, tout le monde rêve. Aujourd’hui les neurosciences nous permettent de mieux comprendre les phénomènes du sommeil, qui reste en partie mystérieux. Ce que l’on sait, c’est que le sommeil n’est pas un état passif et uniforme : le schéma du sommeil humain est réglé par phases, qui correspondent à différents états de conscience. La pratique ancestrale du Yoga nidra nous invite à explorer ces états, pour aller vers un état de « pure conscience », qui nous relie au Mystère.

Le Yoga nidra : une voie d’éveil de la conscience ?

Issu des grandes traditions hindouiste, bouddhiste et tantrique, le Yoga nidra est une approche spirituelle du sommeil. En effet, le terme sanskrit « nidrâ » peut se traduire par « sommeil » ou « rêve », mais également par « l’absence de connaissance d’objets » (Yoga Sutrâ I-10).

Si l’on s’en réfère à Patanjali, auteur mythique des Yoga-sutrâ, « le yoga est la cessation [de l’identification avec] les fluctuations du mental » (Y.S. I-2). Cette définition initiale et radicale du yoga nous offre une manière de concevoir cette voie de l’Unité. Pourtant, le simple fait de s’exercer à se détacher de l’agitation du mental par la pratique de la méditation assise n’est pas chose aisée. Le Yoga-nidrâ nous offre une pratique de méditation alternative à l’assise traditionnelle.

Selon Patanjali, il existe cinq types d’activités mentales à l’origine de nos peines et de nos satisfactions : la connaissance, l’erreur, l’imagination, la mémoire, et … le sommeil (Y.S. I-6). Le sommeil tel qu’on l’entend habituellement peut être considéré comme un état d’inattention ou d’absence (Y.S. I-10), de jour comme du nuit. Tout en l’imitant, la pratique du Yoga-nidrâ doit permettre de dépasser cet état de sommeil pour aller vers un état de « pure conscience », non-duel, universel et atemporel.

Concrètement, comment fonctionne le Yoga nidra ?

La pratique guidée par un professeur facilite cet état modifié de conscience. Depuis la posture immobile, le pratiquant peut ainsi se laisser guider à travers les différentes étapes du Yoga : la présence au souffle, le retrait des sens, la concentration sur les différentes parties du corps, puis sur d’autres objets d’attention. Les suggestions et visualisations proposées varient en fonction de l’intention de l’enseignant, ou de la thématique choisie par la personne qui reçoit cet enseignement.

En combinant la relaxation profonde et la conscience attentive, nous permettons à notre esprit de naviguer entre les états de veille, de rêve et de sommeil profond. Alors que le corps et le mental sont endormis, notre conscience reste alerte, ouverte, dans une autre forme de perception de la réalité.

A un certain stade, le Yoga nidra permet d’expérimenter une forme de contemplation profonde. Le samâdhi, étape ultime du Yoga, est cet état de réceptivité parfaite où l’Être s’éveille à lui-même et à l’Univers (Y.S. III-3).

Les effets bénéfiques du Yoga nidra

Le Yoga-nidrâ est une pratique que l’on pourrait qualifier d’adaptogène, c’est-à-dire qu’elle s’adapte aux besoins de la personne sur le moment. Cela signifie qu’elle peut certes s’inscrire dans une démarche spirituelle, mais elle peut aussi avoir une visée thérapeutique ou simplement relaxante.

De manière générale, le Yoga-nidrâ aura un effet apaisant et équilibrant sur le corps, les émotions et les pensées. Sa pratique contribue à améliorer notre humeur, en soutenant le sentiment de joie, et en renforçant le système immunitaire. Ce rituel d’exploration intérieure peut également avoir un effet préventif sur le stress chronique, les maladies psychosomatiques et les troubles anxieux, notamment en lien avec la mort. Le sens et surtout l’expérience du Yoga-nidrâ permettent évidemment de comprendre pourquoi !

Quelques conseils pour s’initier au Yoga nidra

La pratique du Yoga-nidrâ est accessible à tous, et ne nécessite aucune condition physique particulière. La posture la plus simple pour s’initier au Yoga-nidrâ est Shavasana ; autrement dit, « la posture du cadavre ». C’est dans cette « petite mort » que l’on peut apprendre, sans crainte, à voyager en sécurité dans cet état de sommeil conscient.

Pour évoluer en toute confiance, l’idéal est d’être guidé par une personne ayant l’expérience de cette discipline du Yoga nidra. Ce peut être également un enregistrement vocal, que vous pourrez choisir en fonction de sa thématique. Laissez-vous guider par votre intuition !

La plupart des pratiques durent entre 20 minutes et 1 heure. Prévoyez donc le temps nécessaire, dans un espace calme, où vous ne serez pas dérangé. Installez-vous confortablement, en vous allongeant sur un tapis, avec éventuellement des coussins pour la tête et les genoux. N’hésitez pas à vous couvrir, car le corps a tendance à refroidir dans cet état de relaxation.

Bon voyage, dans le sommeil des sages !

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